On va suivre, dans une ville moyenne, le jeune Thomas, qui vit avec des parents qui ne parlent pas, et un père qui le regarde grandir avec beaucoup d'attente envers lui. Thomas va se retrouver cerné par des événements douloureux ...
Il y a beaucoup de détresse dans ce livre, de comportements froids, d'odeurs de renfermé et d'haleines qui empestent le mauvais alcool. On fait partie de ses pièces sans lumière, on est oppressé dans cette ville qui n'a rien à offrir, on voit ces gens cassés, cernés par le silence qui se transforme en violence, qu'on retourne contre soi ou qu'on fait subir. Et on se demande si Thomas va échapper à son histoire.
La violence ici est perfide, elle est présente avec parcimonie, laisse poindre par moment l’orage, exactement comme Thomas. On ne l’a soupçonne pas, et lui non plus. Elle explose à un moment donné où l’on s’y attend le moins, un moment qui devrait être voué à la douceur… A moins que celle-ci ne soit en réalité intolérable, que la tendresse ne se transforme en poisson et fasse ressurgir une colère profonde, venu d’on ne sait où… Qu’est-ce qui tourmente à ce point Thomas ?
C’est une question qui reste en suspens jusqu’à la fin, pour ma part je ne sais toujours pas si les éléments donnés par l’autrice me sont suffisant… Mais il me semble qu’au moins le roman pose la question : quel est le fondement de la violence ? Dans ce que l'on voit, dans ce que l'on fait naître en nous, ou dans quelque chose de bien plus profond, le sang ?
Thomas finit par faire peur, ce n’était plus évident pour moi d’avoir de l’empathie pour lui et ce qu’il vit. C’était au départ le reste de la ville qui était terrifiante, peuplée d’hommes qui titubent dans les vapeurs d’alcool, et de femmes qui sont des tentatrices tristes et désespérées, sublimes aussi.
Ce livre est aussi intéressant d’un point de vue sociologique ; il fait la description d’une petite ville qui offre peu de perspectives, avec des individus qui forment une classe ouvrière / moyenne désœuvrée et pauvre, culturellement et économiquement. Tout se referme très vite sur les protagonistes.
Le style est froid, net.
Il n’est pas facile de ne pas être imprégné de cette atmosphère moite et collante comme une trace d'un rond de verre remplie d'alcool sur une table.
Dialogue avec le roman d’Olivier Adam « Les lisières »
"Le roi n'a pas sommeil" se rapproche, pour moi, des "Lisières", en étant beaucoup plus sombre et psychologique. Ici l’intrigue se resserre autour d’un seul personnage ,et il me semble qu’il y a moins ce versant sociologique justement, mais l’on ressent la violence de ces conditions de vie sur Thomas et les autres personnages.
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Il est pour ceux :
Qui veulent s’interroger sur la violence
Qui n'ont pas peur de lire un livre impactant émotionnellement
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