Maya Angelou est une féministe luttant pour les droits civiques. Elle raconte son enfance dans le livre « Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage », entre la pauvreté du sud auprès de sa grand-mère et les allés retours avec sa mère d'un côté et son père de l'autre dans le Nord des Etats-Unis.
Elle passe son enfance entourée d'un oncle, de son frère avec qui elle partage les lectures de Kipling ou Edgard Allan Poe, d'une grand-mère très pieuse, dont l'intransigeance est compensée par un amour immodérée pour son prochain. Son intelligence du cœur protège Maya des agressions extérieures tout en lui inculquant les valeurs qui lui permettront de survivre dans le monde de la ségrégation.
Le sens de la formule et l'autodérision de Maya montre encore plus les injustices qu'elle subit. Son imagination d'enfant et la complicité qu'elle partage avec son frère lui permettent de préserver son enfance.
La ségrégation, les problèmes entre blancs et noirs, sont le lot quotidien, qui sont des faits acceptés.
Vivre dans les années 50 aux Etats-Unis quand on est noir, nous apprends Maya, c'est se voir refuser de se faire arracher une dent par un dentiste blanc qui ne souhaiterait pour rien au monde toucher votre « gueule ». C'est aller au cinéma, où les racistes rient des personnages caricaturaux noirs dans les films. C'est passer la voie de chemin de fer pour aller à « BlancheVille » et entrer dans un autre monde où des gens translucides sont équipés d'engins comme des frigos. C'est écouter un match de boxe à la radio opposant Joe Louis et Carnera et que cela se transforme en enjeu pour l'honneur et le prestige de son peuple.
Le racisme est palpable, présent partout, se répand comme une odeur nauséabonde, prenant encore plus d'ampleur dans la vie de Maya au fur et à mesure qu'en grandissant son regard se fait plus lucide. Elle va vivre le racisme un peu plus notamment en devenant l'apprenti servante d'une bourgeoise blanche qui la rebaptise Mary parce que c'est plus court et plus rapide quand on lui donne des ordres. Elle apprendra aussi que même la lecture des classiques de la littérature et les bonnes notes ne la sauveront pas d'un destin tout tracé qu'on veut lui imposer.
La critique de la religion est importante dans ce livre : pour Maya, elle est parallèlement l'un des instruments de l'oppression, empêche le changement, contient la révolte au sein de la communauté noire. Elle fait tendre l'autre joue en espérant que les oppresseurs seront punis dans l'autre monde.
Avec un humour à la fois cinglant, impertinent et malicieux comme celui d'une enfant, qui révèle les injustices, Maya Angelou à une voix bien à elle, et nous fait comprendre pourquoi chante l'oiseau en cage.
« Nous aurions tous dû être mort. Tous creuvé, me disais-je, en un tas les uns sur les autres. Une pyramide de chair avec les Blancs formant la grande base, puis les Indiens avec leur tomahawks, leurs teepees, leurs wigwams et leurs traités crétins, et les Nègres avec leurs serpillières, leurs recettes de cuisine et leurs spirituals leur sortant des trous de nez. Les petits Hollandais auraient tous du se casser la figure dans leurs sabots, les Français s'étouffer avec leur vente de la Lousiane, et les vers à soie bouffer tous les Chinois et leurs nattes idiotes. En tant qu'espèce, nous étions une abomination, tous ».
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