Je vois des articles de la presse de droite sur les jeunes, des débats sur BFM « les jeunes sont-ils fainéants ? » ou en couverture du Point « Quand la France s’aimait… Les années Goldman. Mérite, travail, optimisme »… Je me dis, chaque génération a critiqué celle qui arrivait, mais le déni part trop loin.
J’ai envie de répondre : ça ressemble à un mauvais slogan ce titre.
Quand on sait que pour trouver un emploi il est impératif d’avoir au minimum bac+3 dans la plupart des cas, et qu’il faut une « première expérience souhaitée / exigée », j’ai envie de répondre qu’il y a un soupçon de mauvaise foi. Et ceux qui peuvent pas se financer d’études ? Du côté de certains pays comme l’Australie on accède à des responsabilités beaucoup plus facilement. C’est une question de faire confiance. Ah oui, mais il y a la crise en France. Un peu partout, en fait. Donc on peut remettre en question ces deux idéaux du mérite et du travail.
Les jeunes ne sont pas fainéants, ils se trouvent que quand ils se rassemblent pour défendre des valeurs et des causes communes comme par exemple avec le collectif « Soulèvements de la terre », eh bien on les interdit. Parce qu’ils sont dangereux. Je crois que c’est plus dangereux de faire comme s’il n’y avait pas d’urgence climatique. Mais apparemment les « jeunes » sont violents aussi. C’est exactement ce que disent les rapports sur les violences policières d’Amnesty International ou les défendeurs des droits comme Jacques Toubon.
Quant à l’optimisme, face au chômage et à l’urgence climatique, c’est un état d’esprit un peu compliqué à avoir.
Il y a des problèmes importants auxquels sont confrontés les jeunes générations. Un jeune sur cinq a souffert de dépression en 2021 selon une étude de Santé publique France. Mais même avec ce chiffre, on te rétorque « ouais mais nous c’était pas facile, il fallait bosser tout de suite, les conditions étaient dures aussi… ». D’accord, c’est vrai. Si il y a ce besoin de mettre en avant cette vérité, est-ce que ce n’est pas par peur qu’on renie des souffrances toujours présentes ? Il s’agirait plutôt de reconnaître le vécu de l’autre, plutôt que de le nier.
Parce que si on va là-dedans, d’accord, alors comme le dit Salomé Saqué, journaliste, dans le podcast « On s’tient au jus » de Camille et Justine, tu pouvais devenir propriétaire à Paris un peu plus rapidement à une certaine époque, vu l’évolution des prix actuellement, c’est plutôt illusoire d’espérer faire de même avant 30 ans.
Et puis, tout est différent, c’est simplement ça. Il suffit de regarder des enquêtes, de voir autour de soi de quoi on s’inquiète. Et il y en a beaucoup des sujets d’inquiétudes. Pourquoi comparer des générations de manière négative en insinuant que nos problèmes sont vraiment des problèmes de personnes qui ont tout mais qui ne font rien ?
Livre de Salomé Saqué : "Sois jeune et tais toi. Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse", éditions Payot
Episode 45 du podcast "On s'tient au jus" de Camille et Justine
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