Aimer, on le sait, et à la fois une souffrance volontaire et un élan incontrôlable. Parce qu’il y a aimer, il y a vivre et souffrir. C’est notre théâtre intérieur que l’on peut laisser l’autre impacter. Ça nous anime, réveille la scène, le protagoniste et le décor, et quand on laisse entrer cette personne, elle nous donne son bagage, cette malle avec du cuir peut être et une poignée ouvragée, et c'est quelque chose qu’on a envie de saisir, d’attraper pleinement et de mélanger avec notre bagage dans un joli entremêlement.
Vouloir
Et tu jetteras des cendres et des fleurs dans un même brasier que j’essayerais d’attraper de mes mains vives qui courront sur le feu.
Tout sera dans un élan.
Tu donneras ou tu jetteras. Je ne serais pas là tout le temps, mais j’observerais.
C’est un brasier où toujours il y a de nouvelles formes qui viennent pourtant de loin, une danse des flammes avec ses variations, et des motifs qui réapparaissent au creux du mouvement.
Et pour moi l’exaltation de connaître, de repérer ce que je vois se dessiner dans les flammes, m’apporte l’euphorie et l’envie de célébrer notre joie.
Perdre
Les choses qu’on perd dans le feu
La possibilité d’être aux autres, et d’exister
L’envie de se sentir un peu moins soi et plus eux
C’est plus que des fleurs jetées dans de la cendre
Tu interposes tes démons entre nous
Ils en ressortent plus grand, agrandit par ta colère
Qui reste sourde aux prières
Et leur ombre projetés contre le mur envahit la pièce
Car tu n’as plus qu’un seul Dieu, échapper à la peur,
Et tu détruis pour ça
Le bleu des mots
Je ne croyais pas que les derniers moments existaient
Mais devant mes yeux tu t’abandonnes
Tu vis de moments de fuites éparpillés
Peuplé de loups qui résonnent
Et la peur ravivée devient le présent
Que tu célèbres sur un bateau tanguant
De ta bouche jaillissent des épines
Qui font des bleus sur mes mots
Il y a quelque chose en moi qui se dessine
Et je vois d'anciennes formes qui reviennent dans l’eau
Moi ce qui m’effraie c’est les gens qui ont peur
Qui ne croient pas en un nous
Qui dansent sur de tenaces vapeurs
Et moi-même je l’ai fait
Mais je n’ai jamais su respirer avec un cœur noué
Je ne sais pas parler à un cœur serré
A quoi ça sers de tenter de se lier
De vouloir de bras et de douceur
Si c'est pour en faire un piétinement du cœur ?
© Humain en pages
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